lundi 5 janvier 2015

Le quartier des Moussaillons

Dans le navire, il y a le quartier des officiers, et le quartier des moussaillons.  Hiérarchie oblige, le premier est plus grand et plus confortable que le second, mais ne vous fiez pas aux illusions, l'équipage est très fort pour coloniser le pont du bateau en exportant ses affaires aux quatre coins de ce dernier!
Ah tiens, sympa ça, comme cabine principale! Si seulement...


Néanmoins, quand vient le soir et que le pont a été récuré et ranger, les moussaillons se retirent tous les trois dans leur quartier, composé donc d'une unique pièce.

Oui, une seule chambre.  Pour trois marmots, agés de 0 à 6 ans.  Je vous l'accorde, c'est challenge.  Mais on pourrait monter jusque 6, si si!

Poste d'équipage du Champenois.  Depuis http://www.escorteursrapides.net/souvenirs_champenois.html

Mais contrairement à l'équipage ci-dessus qui semble avoir quelques années d'expérience, le nôtre n'est constitué que de bleusaille pure, totalement indisciplinée.

Bref, trois moussaillons, trois rythmes de sommeils, tout ça dans la même pièce... un truc de fou.

Première question : Pourquoi s'infliger ça? 


Réponse : Parce qu'on n'a pas le choix/la place de faire autrement.  Réponse facile s'il en est, je botte en touche, j'avoue.  Mais si cette raison est tout à fait appropriée dans notre cas, elle n'est peut-être pas le seul argument.  Car oui, nous utilisons cette solution par défaut, mais si nous avions eu d'autres chambres aurions-nous agi différemment?  Sans doute pas tout à fait.  Le partage d'une chambre entre frères et soeurs, ça crée des liens, ça renforce le sentiment d'appartenance familiale, ça développe la complicité.  Et aussi, dans le cas d'un tout-petit chassé de la chambre de ses parents après une période plus ou moins longue de co-dodo, ça permet de ne pas se retrouver tout seul dans une chambre vide et de pouvoir profiter de la présence et des bruits des aînés pour se rassurer.

Après, bien sûr, avoir plusieurs chambres permet de s'offrir le luxe de faire évoluer la situation, de faire du partage de chambre quelques mois/années puis d'offrir à chaque enfant la possibilité de choisir et d'éventuellement avoir sa chambre et son espace personnel rien qu'à lui.  J'imagine qu'à l'adolescence, cela deviendra nécessaire.


Deuxième question : Comment fait-on? 


Premier élément de réponse : On ne se pose pas de question existentielle.  Oui, inévitablement, ils vont, à un moment ou l'autre, s'empêcher mutuellement de dormir.  On peut se dire que c'est la vie, qu'ils s'entraînent pour quand ils auront eux-même des gosses insomniaques.  Mais cela ne doit pas non plus obligatoirement se passer comme ça, et sûrement pas toutes les nuits.  Après tout, c'est à ça qu'ils seront habitués, donc ils trouveront d'eux-mêmes (hum) un modus vivendi.

Deuxième élément de réponse : On superpose.  En fonction de la superficie de la cabine, il va peut-être falloir empiler les enfants les uns sur les autres, en utilisant la solution classique du lit superposé.  Conseillé idéalement à partir de 6 ans pour la couchette du haut, nous l'avons quant à nous installé lorsque l'Aventurier en avait 5, et cela s'est bien passé.  Mais il va sans dire que ça dépend d'un enfant à l'autre, et en l'occurrence, notre moussaillon-en-chef n'a pas un sommeil spécialement remuant et n'a jamais eu l'idée de promenades nocturnes en mode somnambule.

Non, ce n'est pas le lit des moussaillons.  A leur grand regret.  Et au nôtre... mais vraiment, le toboggan prend trop de place! La photo vient de là : http://designmag.fr/design-dinterieur/chambre-enfant/lits-superposes-solution-pratique.html, et y a plein d'autres idées terribles! 

Nous avons donc l'Aventurier au dessus, le P'tit Pirate en dessous, et Bébé Fleur à côté, dans son lit à barreaux.  Je rêve pour elle d'un matelas au sol, favorisant l'autonomie (encore une fois à la mode Montessori), dont ses deux frères avaient d'ailleurs bénéficier en leurs temps, mais force m'est de constater que la prolifération de playmobils et autres jeux pourvus de petites pièces d'aspect très appétissant est totalement incompatible actuellement avec cette idée.

Troisième élément de réponse : On échelonne les couchers, et on joue au Roi du Silence.
Joli dessin de Mysticlolly, ici : http://www.mysticlolly-leblog.fr/dessin-le-roi-du-silence-a48741216


Car oui, de fait, Bébé Fleur et les garçons n'ont pas tout à fait le même rythme de sommeil (du moins pas tout le temps.  Car il n'y a rien de plus changeant que le rythme d'un bébé...).  Actuellement, notre puce se couche vers 19h30, avant ou après le souper des grands, selon le déroulement du reste de la journée.  Les garçons, quant à eux, commencent le rituel du coucher vers 20h, et sont généralement (hum) au lit vers 20h30.  Quand tout se met bien, la petiote dort donc à poings fermés lorsque ses frères la rejoignent après leur histoire du soir (qui est donc lue au salon).  Ils connaissent la consigne du silence pour la petite soeur, et l'appliquent plus ou moins bien selon leur état de fatigue et d'excitation. Parfois, cela se finit en engueulade fraternelles "chuchotée" très fort, mais généralement, leurs jérémiades ne réveillent pas la petite.  


Troisième questions : Et... Ca marche? 

Oui, ça marche.  Tout n'est bien sûr pas idéal dans le meilleur des mondes, mais globalement, ça fonctionne.  Citons néanmoins les limites, non pas du système en général, mais de la manière dont ça se passe chez nous :

- En cas de pleurs nocturnes : Pas question de laisser un enfant pleurer trop longtemps dans l'espoir qu'il se rendorme seul (c'est clairement pas une bonne idée, mais parfois, les officiers un peu épuisés cèdent à la facilité...), ça risque d'impacter toute la fratrie.  C'est comme ça que Bébé Fleur fait du co-dodo partiel avec nous.  Dans les mauvais jours, elle excelle à se réveiller juste au moment où nous sombrons dans les bras de Morphée, squattant dès lors l'intégralité de notre pauvre nuit, mais dans les bons jours, elle nous laisse jusqu'à 5-6h du matin avant de nous rejoindre pour une fin de nuit en mode câlin.

- En cas de cauchemar ou autre souci nocturne : L'Aventurier, du haut de ses six ans, ne se réveille plus en hurlant et est capable de venir près de nous nous expliquer son souci, épargnant donc la fratrie.  Le P'tit Pirate suit les traces de son frère, mais n'a encore que trois ans, et se retrouve donc parfois à hurler dans son lit à moitié endormi, incapable d'interagir avec nous. Etonnamment, ces épisodes n'ont jamais réveillé les deux autres, signes que les enfants ont finalement un bon instinct de survie.  Nous, par contre, on reste de corvée, mais chambre partagée ou non, finalement, c'est le même combat.

- En cas d'envie d'intimité : Une chambre et un séjour comme lieux de jeu et de vie pour tous les enfants, c'est certes déjà bien, mais parfois, on sent le besoin pour l'un ou l'autre de s'isoler, pour lire au calme ou pour fuir un conflit stérile.  Généralement, la chambre fait l'affaire, sauf bien sûr en cas de sieste, où l'accès à la pièce est condamné.  Ce même problème se pose également lorsqu'un jeu est demandé, qui est évidemment rangé dans le dortoir occupé.   S'ils sont suffisamment malins pour négocier, il y a toujours bien un officier qui accepte de s'introduire sur la pointe des pieds dans le saint-Graal pour récupérer le jeu souhaité, à ses risques et périls (car, comme dit le dicton, qui réveille berce.)


Et pour conclure... 

Voilà, trois moussaillons dans une cabine, c'est donc possible, nous le faisons, nous sommes toujours vivants.  Mieux même : nous ne sommes même pas si insatisfait du système.  Certes, ce ne sera pas confortable sur le long terme, et il est dans nos projets de nous dégotter un navire plus spacieux, mais c'est une solution qui roule pour le moment.  Certes, en cas de nuit très très difficile, les garçons se réveillent plus difficilement le lendemain matin, mais c'est rare.  

Par contre, ce système implique tout de même une grande disponibilité parentale nocturne.  Je n'imagine même pas comment nous pourrions nous en sortir si nous refusions d'accueillir les moussaillons égarés dans notre lit... à moins d'avoir dans son équipage des moussaillons experts en endormissements faciles et en sommeil ininterrompu.  Perso, je n'ai jamais trouvé cette option sur la feuille de commande... 




Et chez vous, vous pratiquez le partage de chambre? Ca fonctionne? N'hésitez pas à partager trucs et astuces! 




Deuxième trimestre de stage à bord

Bon, Bébé Fleur va fêter d'ici quelques jours ses dix mois, mais j'ai un énorme retard dans le journal de bord... Revenons donc quelques mois en arrière pour écrire la suite de cet article, hélas sur base de mes notes essentiellement, puisque la Moussaillone a beaucoup changé depuis son second trimestre.

Le moussaillon de 4 à 6 mois 


J'avais donc laissé Bébé Fleur âgée 3 mois, avec comme compétences le fou-rire, et une motricité pour le moins limitée puisque ses petites mains ne pouvaient encore que vaguement tapoter dans des jouets suspendus.  Heureusement, avec les bébés, il y a rarement de statu quo, et en un trimestre, l'évolution est fameuse.  Je vous en donne un aperçu, d'une part, à travers mes notes concernant Bébé Fleur, et d'autre part, sur base de mes bouquins. Enfin, d'un bouquin... celui d'Anne Bacus sur l'éveil du tout petit, qui est celui que j'ai sous la main (j'ai la flemme de croiser les sources, de toute façon, ça pullule sur le net...). .

4 mois : 

Mes notes : Bébé Fleur commence à pivoter latéralement.  Surtout quand elle est fesse nue.  Car oui, c'est l'été, et Bébé Fleur est un peu naturiste sur les bords.  Tant qu'elle ne se déplace pas, vive les alèses! Plus sérieusement, je suis très impressionnée de voir la différence de mobilité d'un bébé avec et sans langes, c'est flagrant.  Et encore plus quand, comme nous, on utilise des couches lavables, réputées plus épaisses.  (d'ailleurs, c'est prouvé, les bébés qui portent des couches marchent plus tard que les autres!!) On espère toujours voir un retournement sur le ventre complet, mais il faut se faire une raison : Il y a une épaule qui bloque, et il faudra encore de nombreuses semaines d'entraînement avant de franchir l'obstacle.  A part ça, les petites mains commencent à attraper et à manipuler les hochets, et la position assise s'annonce (mais de très loin), avec un bébé qui essaie de se redressé lorsqu'il est sur les genoux des officiers.  

La théorie : Bébé attrape les objets à sa portée et les porte à sa bouche.  Le haut de son corps se muscle de plus en plus, et, allongé sur le ventre, il peut se soulever sur les avant-bras et garder les jambes étendues.  Il a l'oreille fine et essaie d'identifier l'origine des bruits, et développe ses capacités d'échange et de socialisation. 

5 mois

Mes notes : Bébé Fleur a réussi à se mettre sur le ventre, d'abord sans, et puis avec sa couche.  Problème : Elle n'aime pas la position... donc elle réclame de l'aide pour un retour illico dans le mode précédent.  Le dos et les jambes se musclent petit à petit, et elle découvre ses pieds.  Dommage pour les chaussettes qui vont devoir lutter très dur pour rester en position.  Au niveau du langage : Les bruits se diversifient, et les doux gazouillements du début ont laissé la place à des grincements pour le moins surprenants.  

La théorie : Bébé commence à pouvoir rester assis tout seul en étant bien soutenu.  Sur le dos, il se prend de passion pour ses pieds.  Il s'entraîne à passer les objets d'une main à l'autre, et il lui arrive de les lancer pour observer la trajectoire de chute.  Il essaie de plus en plus de reproduire les sons et les intonations de sa langue maternelle. 

6 mois

Mes notes : Pas d'évolution au niveau des déplacements moteurs, mais les manipulations fines évoluent : les hochets passent d'une main dans l'autre, la pince "pouce-index" est maitrisée, et les petits doigts deviennent de plus en plus précis pour attraper leurs cibles (au hasard : une mèche de cheveux du Capitaine?).  Bébé Fleur développe également son sens du toucher, et s'est découvert une passion pour les textures de tissus en tout genre.  Bébé fleur ne se tient pas assise... principalement parce que nous ne pensons pas à la mettre dans cette position.  

La théorie : Assis, Bébé commence à pouvoir se pencher et se relever seul, grâce à ses abdos qui se musclent de plus en plus.  Allongé, il roule dans un sens puis dans l'autre, ce qui lui permet de se déplacer.  Certains commencent à ramper sur le ventre.  Il apprécie les jeux avec les adultes, interagit avec son reflet dans le miroir, et est passionné par les liens de cause à effet.

Matériel et activités : 

La motricité 


Bon, on l'a compris, ce trimestre, au niveau motricité, on se focalise sur les roulés/boulés et les débuts de la position assise.  Pour cela, on continue sur la base du premier trimestre, à avoir une zone de jeu bien confortable, avec un tapis ferme mais confortable, des couleurs attrayantes, des objets en suspensions à attraper, mais également des hochets sur le sol pour motiver les rotations latérales.  Le miroir est toujours intéressant, pour agrandir la perspective et donner un compagnon pas cher à votre rejeton.  Pas de raison non plus de ranger les mobiles au placard, il n'y a pas d'âge pour admirer le plafond! 

En ce qui concerne la position assise et la position ventrale, il y a différents courants de pensée.  Celui que j'ai plus ou moins suivi pour Bébé Fleur (un peu moins pour les aînés, mais j'avais déjà ces principes en tête), c'est celui de la motricité libre (voir par exemple un superbe explicatif illustré ici ou un exposé plus théorique ici), qui consiste à laisser l'enfant aussi libre que possible dans ses mouvements, dans les positions qu'il connaît.  On limite donc au strict minimum le temps passé dans les transats, relax et autres fauteuils qui contraignent les mouvements du bébé. 

Hors de question également de mettre le tout-petit dans une position qu'il ne maîtrise pas, comme par exemple, la position ventrale, tant qu'il ne sait pas s'y placer de lui-même.  L'Aventurier ayant dormi sur le ventre depuis tout petit pour la bonne et simple raison qu'il ne dormait pas sur le dos, il a toujours été très tonique en position ventrale.  Je ne me suis donc jamais gênée pour l'y placer.  Le P'tit Pirate n'a également jamais semblé mal à l'aise dans cette position, mais Bébé Fleur, par contre, ne l'apprécie vraiment pas, donc je n'insiste pas une seconde! 

Même chose pour la position assise, en théorie (voir par exemple cet article, très critique).  Personnellement, j'estime que quand on porte beaucoup son enfant, et qu'a fortiori, on s'assied avec lui sur les genoux, on le met de facto en position assise, bien qu'il ne l'aurait pas fait lui-même. Du coup, on peut suivre et accompagner de nos bras l'évolution de cette assise, et donc être en mesure d'identifier le moment où l'enfant tient seul sans trop se fatiguer.  Pour Bébé Fleur, cela s'est fait vers 7 mois, et elle a alors été capable de tenir et de s'amuser assise de long moment sans manifester ni fatigue, ni inconfort.  Par contre, c'est vrai que, du coup, cela limite le temps passé librement, allongée.  Mais ayant un peu fait le tour de la position dorsale et n'aimant pas du tout la position ventrale, Bébé Fleur semblait un peu frustrée de la situation et a beaucoup aimé ce changement de perspective.  Bref, à chacun de faire comme il le sent.  


Les manipulations

Ahhh, là, on attaque les hochets! J'adore les hochets, les beaux hochets en matières nobles, bien pensés, aussi attrayants pour les adultes que pour les bébés.


Commençons par le premier, la Star des Hochets, Mister le Skwish! Indiqué dès la naissance, et à raison, car il se suspend très facilement pour permettre au bébé de taper dedans.  Souple, réformable, facile à prendre en main, évolutif... S'il ne fallait acheter qu'un hochet, ce serait celui-là.  



Pour le reste de la collection, je me suis encore fait influencée par la sphère montessorienne, qui propose plusieurs hochets simples et bien conçus qu'il est possible de fabriquer soi-même

- Le Hochet Infini : Deux doubles disques imbriqués, parfait pour le transfert d'une main à l'autre.  Fabriqué par Monpapahamwa sur base de photos disponibles en abondance sur la toile.  Depuis, Nature et Découverte en propose dans sa collection Montessori, mais il n'est pas aussi beau que le mien (heu, pardon, que celui de Bébé Fleur)





- Le hochet de perles : Un simple cordon, quelques jolies perles de taille adéquates, quelques noeuds bien solides, et voilà un hochet vite fait bien fait.  Pour les perles, il en existe de magnifique chez Grimm's, belles couleurs et peintures naturelles.  Malheureusement, des deux hochets que j'ai fabriqué, j'ai réussi à en perdre un.  Il y a d'autres variantes possibles sur base d'anneaux et de grelots, comme ici ou ici ou encore ici


- La balle de préhension : Egalement disponible chez Natures et Découvertes (bah oui, Montessori, c'est très à la mode), je l'ai malgré tout faite moi-même.  Simplissime, mais un peu long... Beaucoup de pièces à assembler, c'est très répétitif.  Néanmoins, c'est toujours gai de bricoler quelque chose pour son bébé, et au moins, ma/sa balle est unique.  

J'ai également d'autres hochets plus classiques, comme ceux de chez Haba (celui avec les boules est terrible comme anti-stress), en bois ou en tissu.
Et un petit dernier pour la route : Un engin bien sympathique, acheté je ne sais plus où, très agréable à manipuler et doté de roues pour de premières expériences automobiles.  




Les interactions

Le matériel et les positions, c'est une chose, mais le plus précieux, pour le petit, ce sont bien sûr les interactions sociales.  Alors, non, Bébé ne va pas se mettre à parler subitement entre 4 et 5 mois, il n'y a pas de "cap" spécialement remarquable à ce stade, mais plein de petites évolutions, des modifications dans les modulations de la voix, une expressivité accrue du regard, et, généralement, beaucoup, beaucoup de sourires et de rires.  

Un seul mot d'ordre : En profiter.  Papoter, faire des grimaces, jouer à "coucou - caché", masser, chatouiller gentiment, faire des "pfffrtt" dans le cou, danser, chanter, montrer des images, lire des histoires, etc.  Surtout, ne pas avoir peur du ridicule, et prendre plaisir à chacun de ces moments un peu déjantés!