mercredi 18 mars 2015

Activité artistique minute


Pinterest, c'est le mal.  Pinterest, ça fourmille d'idées géniales, de réalisations magnifiques, de quoi vous faire baver d'envie, de collecter plein d'idées... et surtout, de passer votre temps à les admirer devant l'écran plutôt que de passer à l'acte pour en réaliser une!

Mais bon, de temps en temps, l'agenda de l'équipage, l'humeur du capitaine, le taux de nervosité des enfants et la météo se trouvent être en phase, et, oh miracle, voilà qu'on arrive à passer à l'acte!

C'est ce qui s'est passé le WE dernier.  Après avoir passé une soirée à décortiquer les idées collectées avec l'Aventurier, nous en avons sélectionné deux ou trois pour le lendemain, et avons réussi à en mettre une en place le jour-dit.


L'idée sélectionnée vient de ce site.

Niveau matériel, rien de bien compliqué : Du masking tape, de la peinture, des pinceaux, et du papier.    Ah oui, et des dessous de table ou du papier journal pour protéger l'espace de travail.  Mais bon, si vous avez des moussaillons, vous avez probablement déjà tout ce nécessaire.

L'activité se décline en trois étapes somme toute assez simples, et a pu être menée à bien aussi bien par l'Aventurier (6 ans) que par le P'tit Pirate (presque 4 ans).  Je me suis moi-même lancée dans l'aventure, car après tout, c'est beaucoup plus amusant de participer que d'observer.






Première étape : Délimiter les zones

Je n'ai hélas pas pris de photos de la réalisation, mais en gros, on découpe des morceaux de masking tape et on les dispose sur la feuille.  Moi et l'Aventurier avons classiquement formé des zones fermées, mais le P'tit Pirate a été plus "créatif".  J'ai commencé à essayer de lui expliquer le principe des zones fermées, et puis j'ai laissé tomber : De un, il est sans doute trop jeune pour comprendre, de deux, j'avais l'impression de le brider dans sa créativité et son plaisir.  Je me suis donc contentée de le laisser faire en lissant simplement les bandes de tape qu'il avait un peu moins bien ajustées.

Etant donné que nous n'avions qu'un rouleau de tape pour trois, et que le découpage de morceaux de papier collant est un peu laborieux pour le P'tit Pirate, je me suis chargée de leur fournir des bandes prédécoupées de longueur diverses, qu'ils agençaient à leur goût.

Deuxième étape : Remplir les zones


Une fois les bandes placées, en avant la couleur! Ici, nous sommes partis de jolies gouaches en pot, dont la texture un peu épaisse a nécessité la dilution dans un peu d'eau.  Cela nous a donné des variantes intéressantes, puisque je me suis personnellement dirigée vers des aplats assez épais et uniformes, tandis que l'Aventurier obtenait un résultat plus "aquarellé".  Ayant utilisé une couleur plus concentrée en bordure de zone, il obtient (de manière assez fortuite) un aspect "vitrail" assez intéressant.

Quant au P'tit Pirate, habitué des créations libres style "scraboutcha", il m'a assez surprise en respectant globalement les zones de coloriage (ils ne font jamais de coloriage pur et dur à l'école).

Troisième étape : Retirer le tape et... admirer


Cette troisième étape, je l'ai d'autorité prise en charge, après avoir réaliser qu'il fallait retirer le tape en douceur pour éviter d'arracher le papier et d'abîmer l'oeuvre.  Par contre, j'ai fait participer les garçons  dans le choix du morceau à enlever.  De fait, avec les effets de superposition, il y avait là un travail intéressant au niveau de la visualisation dans l'espace des "couches" de tape.

C'était assez chouette de voir le résultat apparaître petit à petit, et d'observer le contraste entre les lignes blanches bien délimitées et les zones de couleurs vives.

Une fois cette dernière étape achevée, nous avons pris le temps d'admirer, analyser et comparer les différents dessins : L'aspect moins "académique" de l'oeuvre du P'tit Pirate, qui est celle qui, je trouve, à le plus de cachet, et enfin, le contraste entre l'aspect "vitrail" du dessin de l'Aventurier et l'aspect "gouache" du mien, à la réalisation plus soignée mais avec peut-être moins de caractère.


Et pour conclure, un petit jeu pour voir si vous avez bien lu : Sur base de mon descriptif, qui a fait quel dessin?  

Bref, une activité sympa, pour toute la famille (enfin, la p'tite, elle attendra encore un peu quand même), qui permet de se détendre, de travailler l'équilibre des couleurs, de discuter des formes géométriques (carré, triangle rectangle, pentagone, trapèze, ...), mais surtout, une activité pour passer un bon moment CALME tous ensemble.  

lundi 9 mars 2015

Petit tour dans la cambuse : Le repas de la moussaillonne

Chez les P'tits Mouss', il y a une caractéristique familiale indéniable : La gourmandise.  Maman sucrée, Papa salé, ça donne des moussaillons plutôt ouverts au niveau culinaire, voire carrément complètement gloutons quand il est question de chocolat ou autre sucrerie.

Bébé Fleur venant de fêter son premier anniversaire ce WE (gloups, déjà), elle vient de rejoindre officiellement le club des Mangeurs de Tout, après avoir réussi l'épreuve terriblement éprouvante du Premier Gateau au Chocolat.  Epreuve réussie, mais de justesse... le chocolat a eu moins de succès que les poires proposées en parallèle.  

Au troisième enfant, le suivi des recommandations pédiatriques pour l'alimentation des nourrissons et beaucoup moins rigoureux que pour l'aîné.  Le jeune capitaine stressé a fait place au vieux loup de mer désabusé, et en l'absence de prédispositions allergiques familiale, on n'hésite plus à servir un bon vieux spaghet' bolo à un petiot de 9 mois.  Pourquoi attendre un an pour le chocolat, alors? Ben, pour pas devoir partager, tout simplement... Un gosse qui a gouté au chocolat, généralement, il ne s'arrête pas là! 

Mais je m'égare.  Donc, on parle bouffe.  Mais quel est mon propos, au juste? Ah oui, raconter les aventures gastronomiques de notre Bébé Fleur, et, par là même, partager nos conceptions sur la diversification des moussaillons.  

Diversification, ça vous évoque quoi? Pour 75 % des parents, ça veux dire bouillie de légumes, petits pots et autres fruits sous forme quasi liquide.  La mode actuelle est de présenter des purées soigneusement mixées, parfaitement lisses et précisément dosées.  Les enfants n'ayant pas de dents, comment pourraient-ils avaler autre chose sans mourir étouffés dans d'atroces souffrances?  

Heureusement, la Sainte Société de Consommation a tout prévu pour venir en aide à ces pauvres bébés condamnés à mourir de faim : Elle a inventé... le Babycook 

Un appareil REVOLUTIONNAIRE qui... cuit les légumes à la vapeur, puis les mixe. Vous le sentez un peu, là, mon cinquième degré d'ironie? Oui, je suis fatiguée, on va pas faire dans la subtilité.  Bref, pour une centaine d'euros, vous avez un appareil qui ne sert à rien de plus que ce que font déjà fort bien votre bon vieux mix'soupe et une marguerite en inox.  Sauf que niveau vaisselle, j'ai l'impression qu'on rajoute un niveau de difficulté, pour un usage fort limité, car finalement, les bébés, combien de temps sont-ils supposés mangé du mixé? 3 mois? 6 mois?  Ca n'est pas inenvisageable, j'ai déjà vu le cas de bébés d'un an ne supportant pas de morceau dans leur purée.  


Et pourtant, là, je vais vous faire la révélation du siècle : Non, les bébés n'ont PAS besoin de manger des bouillies. NON, ils n'ont pas besoin de dents pour manger de la nourriture solide.  A partir de 6-8 mois, un bébé normalement constitué, capable de se tenir le dos bien droit en position assise, est parfaitement à même d'attraper un morceau de nourriture et de le porter à sa bouche.  Jusque là, ça ne surprend personne.  Par contre, qu'il soit aussi capable de le mâchouiller, puis de l'avaler, là, ça surprend un peu plus.  Et pourtant, les p'tites gencives, elles sont costaudes!

Donc, il existe une autre manière de diversifier un p'tit loup que la traditionnelle purée mixée.  Ca a même un nom : Baby-Led Weaning (BLW), ou Diversification Menée par l'Enfant (DME).  Très joli, mais ça n'a pas empêché plusieurs mamans de ma connaissance d'avoir pratiqué de la sorte de manière intuitive, sans avoir eu l'impression de suivre une méthode.  C'est un peu la suite logique de l'allaitement à la demande, quand on laisse l'enfant goûter ce qu'il veut dans l'assiette de l'adulte.

En formalisant un peu plus, l'idée est de présenter des légumes facilement machouillables et manipulables à l'enfant, et de le laisser se débrouiller.  Il prend ce dont il a besoin, il découvre, manipule avale ou recrache, et s'amuse tout en se nourrissant.  

Si vous désirez creuser le sujet, il y a plein d'articles qui en parlent sur la toile : 

- Sur le site de la Poule Pondeuse, un texte qui résume très bien l'idée et donne pleins d'infos et de liens vers des études scientifiques.  S'il n'y en avait qu'un à lire, ce serait celui-là : http://www.poule-pondeuse.fr/2010/09/10/la-diversification-a-la-cool/
- Un site présentant la "DME" : http://diversificationalimentaire.com
- Une maman de jumeaux qui raconte son expérience : https://reggiotwins.wordpress.com/2014/11/12/un-an-de-dme-ca-sfete/

Et pour le reste, Google vous aidera à trouver plein de littérature sur le sujet.  


Oui mais ho, en pratique, ça donne quoi?  Faisons le topo.  

1. Les prérequis : Bien sûr, on ne laisse pas un bébé de trois mois se débrouiller seul avec des brocolis en bouquet. Il est évident qu'il n'a pas la capacité motrice de manipuler ça, sans parler de la maturité digestive.  Donc on attend... Mais quoi? Ses six mois, trois jours, deux heures et 54 secondes, moment où, comme chacun sait, le système digestif de l'enfant est complètement upgradé avec la fonction "nourriture solide"? (je rigole, mais je me sentais terriblement fautive lorsqu'on a décidé de commencer la diversification pour notre aîné la veille de ses six mois... 24h plus tôt que les prescriptions de l'OMS! ahh, les primipares...).

Non, on attend : 
- de un, qu'il marque un intérêt certain pour la nourriture : Observation attentive de la famille à table, tentative d'attraper la nourriture dans les assiettes, et protestations véhémentes de rester à l'écart du festin.  
- de deux, qu'il sache se tenir assis le dos droit (c'est important pour la motricité de la mâchoire et de la langue, pour une bonne déglutition et un réflexe de régurgitation salutaire). 
- de trois, qu'il démontre effectivement sa capacité à avaler.  Notre Petit Pirate, à 5 mois, a fait un sort à un quignon de pain après avoir fait un chambard de tous les diables dans un restaurant, tandis que sa soeur, au même âge et pour qui nous avons du introduire les solides avant l'heure pour cause de crèche, avait un réflexe automatique d'éjection de toute nourriture solide (mixée ou non) par un très élégant mouvement de la langue.  Il a fallu attendre qu'elle ait 6-7 mois pour qu'elle puisse avaler efficacement ce qu'on lui donnait, et, dans le même temps, pour qu'elle puisse enfin découvrir et profiter du plaisir de l'alimentation autonome.  Pour moi, clairement, la diversification a été trop précoce, et j'ai vraiment eu l'impression de ne pas respecter les rythmes de mon enfant.  Mais soit, elle ne voulait pas de lait autrement qu'à la source, il fallait donc trouver une alternative pour éviter les jeûnes prolongés pendant mes journées de travail (et également pour ne pas se mettre les puéricultrices à dos).

On peut rajouter un quatrième prérequis, à savoir la capacité à prendre un aliment et le porter à sa bouche, mais je dirais que c'est moins critique.  Au début, on s'en fiche que les repas ne soient pas efficaces, le principal est l'expérience sensorielle que l'enfant vit.  Et au pire, s'il ne s'en sort vraiment pas, ne s'amuse pas et semble subir le supplice de Tantale, on peut lui donner un petit coup de main, éventuellement à la cuillère (et on complète après avec du lait de toute façon).  

2.  Le matériel : Un bavoir à manches, éventuellement imperméable (comme un tablier de peinture). Une chaise haute facilement nettoyable.  Un sol qui absorbera sans coup férir bananes mâchouillées et potiron écrasé. Un tas de lingettes pour débarbouiller les p'tits minois.  Et enfin, une marguerite ou un grand cuiseur vapeur pour la cuisson, parce qu'il paraît que c'est le mieux.  Mais vous pouvez utiliser aussi le babycook, pensez-juste vous arrêter avant l'étape mixage. 

3.  Les aliments : Les extrémistes d'un côté vous diront de respecter scrupuleusement le schéma d'introduction, ceux de l'autre, de laisser Bébé choisir ce qu'il a envie.  Dans notre cas, on alterne : Soit le repas familial convient pour Petite Fleur, soit on lui cuisine vite-fait une patate, quelques légumes et un bout de poulet ou de poisson (stock congelé sous forme de petits cubes bien pratiques). Ce qui marche bien : La courgette, la patate, le brocoli, les carottes (très très fondantes), le potiron (un succès fou!), les choux de bruxelles (peut-être un peu plus tard?), les bananes, les poires, les pommes (cuites), le pain, ... Pour la viande, évidemment, le gros morceau de steak n'est pas opportun dans un premier temps, mais le poulet parait déjà plus abordable, découpé en tout petits morceaux.  Le poisson, quant à lui, se prête parfaitement à l'expérience.  

4. La technique : On découpe des "frites" de légumes, bâtonnets épais permettant à Bébé de l'attraper plus ou moins facilement et de le porter en bouche.  Le mieux est que l'aliment soit plus grand que le poing du bébé, sinon il se retrouve un peu coincé à mâchouiller sa main plutôt que son contenu.  Une fois la cuisson vapeur terminée, on laisse refroidir jusqu'à une température acceptable, et on pose le repas devant l'enfant.  Eventuellement dans un bol, mais personnellement, j'ai renoncé, le bol étant un des projectiles de prédilection de Bébé Fleur.  Ensuite... on observe.  

Par curiosité, mais également par sécurité, car une fausse route reste toujours possible.  On peut anticiper les problèmes en suivant un cours de premier secours et en apprenant comment dégager les voies respiratoires de l'enfant.  Google me parle par exemple de la manoeuvre de Mofenson : http://www.docteurclic.com/technique/manoeuvre-de-mofenson-chez-enfant-de-moi.aspx.  Aucune idée de ce que ça vaut, je vous renvoie vers des spécialistes pour savoir si c'est réellement pertinent.  
Personnellement, j'ai eu quelques petites frayeurs, mais chaque fois, les enfants ont géré la situation d'eux même, en toussant énergiquement, puis en recrachant en hurlant le vilain morceau. La persistance du réflexe de régurgitation n'y est sans doute pas étrangère... Bref, il s'agit d'un risque, inévitablement.  Est-il important? Je ne le pense pas, et j'ai assumé de le prendre.  Mais je ne vous recommande pas de procéder de la sorte sans vous être documenté soigneusement sur le sujet et avoir pris conscience des enjeux! 

5.  Le post-traitement : L'avantage de cette technique : Tant que l'enfant mange, le parent peut vaquer à ses occupations, tout en gardant l'oeil sur le petiot.  Et généralement, les repas durent, dans ces circonstances... Une belle période de tranquillité à exploiter! Mais toute médaille à son revers, et il faut, de temps en temps, penser à... nettoyer.  Car l'enfant, par maladresse, par curiosité et envie de découverte, ou par ras-le-bol ou manque d'appétit, trouvera toujours une bonne raison pour balancer de la nourriture par dessus bord.  Disons le franchement, à la fin du repas, la zone est complètement crade.   Rappelons également que, dans les premiers temps, la quantité avalée n'est pas très élevée, donc il importe de compléter avec du lait (tétée à volonté dans le cas de l'allaitement, ça couvre normalement encore la majorité des besoins du bébé)


Oui mais, et tout ça, pour quoi? 


Bon, avouons-le, en faisant abstraction du nettoyage, cette méthode est fun.  Le gamin s'amuse, et le parent se gondole en voyant le résultat.  Mais les avantages seraient bien maigres s'ils s'arrêtaient là.  Citons donc, en vrac : 
  
- Une meilleure découverte sensorielle gustative : Les saveurs ne sont pas mélangées dans un purée informe, mais sont associés au toucher, à l'aspect visuel, à l'odeur... 
- L'accent mis sur l'autonomie de l'enfant et sa capacité à écouter sa sensation de satiété.  Cela a été associé à une baisse du risque d'obésité à l'âge adule (voir A. Brown, M.D. Lee, Early influences on child satiety-responsiveness: the role of weaning style, http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.2047-6310.2013.00207.x/full!)
- La mise en place d'une ambiance sereine par rapport à l'alimentation, sans contrainte pour finir son assiette ou manger ses légumes, avec toujours comme objectif l'apprentissage du plaisir de manger
- Moins de logistique pour les parents en sortie, puisqu'il reste finalement assez simple de trouver des plats qui conviennent à l'enfant au restaurant (il y a toujours bien un peu de carotte dans les plats...)


Bref, après avoir découvert cette méthode pour notre premier moussaillon, nous restons séduits par la formule, et constatons pour la troisième fois que nos bébés ont un bon appétit, ne sont guère difficiles sur la nourriture, et surtout, semblent être à l'écoute de leurs sensations de faim et satiété (exception faite des bonbons...).