dimanche 1 novembre 2015

Histoires de couches

Suite à la demande d'une amie, je prend aujourd'hui la plume pour parler d'un sujet hautement philosophique : les couches.

Pas les couches du modèle OSI, ni les couches d'une pièce montée, ni les couches atmosphériques ou géologiques.  Non, les couches pour bébé.  Oui, ces trucs-machins qu'on leur met sur le derrière pour pallier leur incontinence.

L'HNI

Enfin, soi-disant incontinence... Parce qu'en fait, les couches, c'est pas indispensable (comme je dis toujours, si ça l'était, l'évolution aurait fait en sorte qu'on naisse avec).   Faire sans couche, dans nos sociétés "modernes", ça s'appelle "l'Hygiène Infantile de l'Enfant" : En gros, ça consiste à détecter les besoins du bébé et à lui proposer d'évacuer proprement au dessus d'un récipient ad-hoc.

Les avantages : 

- La compréhension du langage corporel du bébé et une complicité/connexion parent-enfant supplémentaire
- Beaucoup moins de pleurs (car oui, les bébés (ou en tout cas certains) pleurent quand ils doivent faire pipi)
- Pas de poubelle qui déborde ou de lessives puantes
- Pas de couche qui entrave les déplacements du petiot et retarde l'âge d'acquisition de la marche (sic)
- Pas de derrière dégueu à devoir torcher vaillamment, une pince à linge stratégiquement placée sur le nez.

Les inconvénients : 

- La phase d'apprentissage... 
- Les moussaillons avec qui ça prend pas
- Les officiers indisponibles la journée forcés de caser leur équipage en garderie
- Les faux positifs (on s'est bougé pour rien)
- Les faux négatifs (on est bon pour sortir les torchons)

L'HNI a été appliquée de manière très partielle dans notre navire, deux moussaillons sur trois y ayant été réceptifs le temps du congé de maternité. HNI partielle car les vrais moments "cul nul" ont été rares, mais nous restions attentifs et proposions systématiquement à chaque change.  Par contre, une fois le moussaillon entré en crèche, tout le monde perd ses repères... 

En attendant, ça nous a permis d'économiser quelques langes, et, espérons-le, aux moussaillons de s'être sentis à l'écoute et écoutés dans leurs besoins naturels.  


Les couches lavables

Mais revenons à nos moutons.  Nous parlions de couches, et voilà que je viens d'écrire une tartine sur le sans-couche.  Soit.  Donc, chez nous, nous avons utilisé des couches la plupart du temps.  Quelles couches?  A la base, nous avons opté pour des couches lavables, mais in fine, nous fonctionnons avec un joyeux mélange de langes en tissu et de couches jetables (mais un peu écologiques quand même).  

La théorie


Pourquoi des couches lavables?  Pour diminuer les déchets et la pollution, pour éviter les produits chimiques sur les fesses du bébé, parce que c'est moins cher sur le long terme (tant qu'on reste raisonnable), et parce que ça fait bobo, et qu'on aime avoir l'air bobo.   

Plus sérieusement, il existe plein de sites qui font la comparaison couches lavables/couches jetables, voici quelques liens :
- La thèse d'Anne-Sophie OURTH sur le sujet : "Les couches lavables constituent une alternative moderne, écologique et économique aux couches jetables" (2003)  
- Sur le site Lilinappy (revendeur de couches) 
- Sur le site P'tit Dessous (fabriquant de couches lavables)
- Sur le site Petites Bulles (autre revendeur)
- Sur le blog Banlieusardises  (waw ça date de 2005 quand même...)
- Un récapitulatif sur le site Consoglobe

La pratique

Et en pratique, ça ressemble à quoi, des couches lavables? Bah, à des couches, en tissu... plus ou moins exotiques, plus ou moins colorées, plus ou moins compliquées, plus ou moins fiables... En gros, il y a trois catégories :

- les couches "classiques" : On a un espèce de pampers en tissus avec scratchs ou pressions, par dessus lequel on mettra une culotte typiquement en plastique (PUL) pour imperméabiliser.  Très très fiable pour la nuit, mais effet "gros derrière" garanti.
- Les couches "Tout en un" (TE1 de leur petit nom) : La culotte en plastique est intégrée à la couche, donc on se retrouve "comme avec un pampers".  Existe avec pression ou scratch.
- Les couches "Tout en 2" (TE2 de leur petit nom) : Une culotte en plastique dans laquelle on vient poser un linge plié.  Plus simple que la classique parce qu'il n'y a pas deux couches à fermer, mais plus souple que la TE1 parce qu'on peut se contenter de ne changer que le linge et d'utiliser plusieurs fois la culotte (ça fait des économies).

Après, il y a encore les couches à poches, que je n'ai jamais testé.  Il est également possible de distinguer les couches "évolutives" qui couvrent plusieurs âges (4-13kgs) des couches "multi-tailles", mieux adaptées niveau taille mais qui nécessitent d'investir dans plusieurs tailles de couches (ex : 2-4kgs, 4-9kgs, 9-13kgs, etc.).  Les couches évolutives sont sans doute très bien pour les familles peu nombreuses, mais d'expérience, assez logiquement, elles tiennent moins bien après 2-3 enfants que les multi-tailles (qui sont moins portées donc).

En plus des couches en elles-même, il ne faut pas oublier le papier de protection, stratégiquement placé en fond de couche pour recueillir les productions non liquides et pouvoir les évacuer facilement dans la toilette (même si, paraît-il, certains risquent de boucher les toilettes.  RAS chez nous cependant).

Notre expérience

Donc, nous en sommes à 7 ans de pratique en couches lavables, à quelques mois de pause près.  Autant dire qu'on a eu le temps de tester différents trucs, et même de changer d'habitude plusieurs fois... 

Le plus simple est de repartir du début.  Nous voilà donc, l'amiral et moi-même, brandissant fièrement le contrat d'engagement de notre premier moussaillon.  Faut lui préparer son paquetage, donc, nous nous renseignons et nous optons pour les couches lavables (question d'approvisionnement en pleine mer, c'est quand même plus simple de laver que de se faire livrer des paquets de couches par hélicoptère).   Et là, oups, c'est pas si simple qu'il n'y paraît! Y a pléthore de marques, et pléthore de modèles.  Heureusement pour nous, à l'époque, il y avait une brave dame qui tenait une boutique non loin de chez nous, recevait les parents afin de leur expliquer le pourquoi du comment, et surtout, proposait un système de location.  Bah oui, c'est quand même plus sympa de tester avant d'acheter... Surtout dans le domaine des couches lavables, quand un modèle marchera avec un bébé, mais fuitera lamentablement sur un autre!  En plus, l'avantage de louer et de tester les premières semaines (un mois en général), c'est que ça permet d'acheter directement la taille deux dans la foulée, car équiper un tout-tout petit en couches lavables à sa taille, c'est pas très rentable en fait.  Mieux vaut commencer quand il atteint un gabarit plus standard (4-5 kgs).  

Donc, mon premier conseil : Trouver un revendeur qui fait des démos, et souscrire à un pack de location.  

En Belgique, il y a plusieurs filons possibles (je n'ai pas testé, juste utilisé mon ami Google, donc aucune garantie sur la qualité de ces services) : 

- Ecotribu à Bruxelles : Ils font même du ramassage/nettoyage de couches on dirait!
- L'écoquelicot à Wavre (vu très récemment sur Facebook, j'imagine qu'il faut téléphoner... ou aller voir sur place, la dame du magasin est super!)

En France : 

- Une liste d'adresse sur le site Bulle de coton

Bref, nous voilà dûment équipés, 2-3 semaines avant l'arrivée du Moussaillon.  Celui-ci débarque sur le navire (ou embarque plutôt), et après les 2-3 jours de méconium (nous n'avons pas voulu risquer d'abimer les langes de location avec du goudron), nous nous sommes lancés.

Nous avons testé initialement, de mémoire :

  • Des langes à nouer Disana : Certains ne jurent que par ça, surtout pour les tout petits, mais nous avons personnellement coincé sur les lacets qui s'emmêlaient dans la machine à laver.  On me chuchote cependant qu'en nouant les lacets avant lavage, c'est beaucoup plus gérable! 
  • Des couches en bambou Petit Dessous : Convaincus pour la nuit, moins pour la journée (gros popotin).  C'était le modèle équivalent aux Tots/Bots Bamboozles. 
  • Des couches TE2 Bambino Mio : On a vraiment apprécié ce système, très souple et pratique.  La culotte en plastique est bien ajustable, et les langes en tissus simples à plier et peu chers.  Seul bémol : Les culottes ont tendance à mal vieillir au niveau des scratchs, qui deviennent raides et peuvent éventuellement irriter le bébé s'ils sont mal ajustés. J'ai tendance à moins les utiliser avec notre petite dernière. 
  • Des TE1 P'tit Dessous : Le système était très pratique, mais ce modèle fuitait systématiquement sur nos moussaillons... 
  • Des langes Tetras savamment pliés : La séance d'origami après la lessive est un peu longuette, mais c'est vraiment très pratique pour un tout petit, associé à un snappi pour maintenir le tout.  C'est un peu le lange à l'ancienne, mais imbattable au niveau budget, surtout pour la plus petite taille qui  ne dure qu'un à deux mois. 
    Le Snappi : l'épingle de nourrice moderne qui PikPa
Au fil du temps, nous avons pu tester d'autres marques, et nos préférences ont évolué, tout comme l'offre sur le marché, d'ailleurs (certaines de ces couches ne sont sans doute plus disponibles, et d'autres sont peut-être très bien, mais nous n'avons bien sûr pas tout testé). 

  • Nous avons gardé les langes classiques pour la nuit : Imbattables niveau fuites, bien plus fiables que les langes jetables. 
  • Dans les langes classiques, mes préférés sont les So Bamboo de P'tit Dessous (qui ont fait faillite et ont été repris récemment, je ne sais pas ce qu'il en est de la qualité des nouvelles couches).  Elles sont très douces grâce à une couche de polaire, et surtout, très fines avec une qualité d'absorption imbattable. 
  • Après nos essais douloureux avec les TE1, nous avons fini par trouver une marque qui nous convenait : Les Bumgenius Organic.  
  • Au niveau des TE2 : Les Bambino Mio étaient parfaites pour débuter à petit budget, mais plus récemment nous avons trouvé les Flip de Bumgenius dont les scratchs ont l'air de mieux tenir la route.  L'insert en microfibre est top. 
  • Autre TE2 testée : les GroVia.  La culotte est très bien (intérieur pas trop plastique), mais les inserts intérieurs ont vite mal vieilli. 
Globalement, nos recommandations actuelles : 
  • Ne pas se focaliser sur une seule marque, mais varier, au niveau de la forme, de la marque, de la matière : en fonction des circonstances, on préférera un système plutôt que l'autre.  Certains langes sèchent plus vite que d'autres (ex : microfibre), donc pour tenir le coup entre deux lessives, c'est bien d'avoir de tout. 
  • Au niveau matière, il y a du choix entre coton bio, bambou, chanvre et microfibre.  Au niveau écologique, le mieux est sans doute le coton ou le chanvre.  Au niveau du bambou, difficile de trancher, on entend tout et son contraire.  Et pour la microfibre, c'est du synthétique, mais par contre, qu'est ce que c'est pratique niveau temps de séchage... 
  • Prévoir des "booster" : des carrés ou des rectangles de tissus pour rajouter des épaisseurs en fonction de l'âge du bébé, de la capacité de sa vessie ou du temps d'autonomie nécessaire (longue nuit, longue balade, ...).  Pas besoin de trop se casser la tête au niveau marque, tout est plus ou moins compatible avec tout.  
  • Au niveau du système d'attache : Nous avons une préférence pour les scratchs, plus rapides à mettre, mais attention : S'ils sont trop raides, il peuvent blesser l'enfant.  Vérifiez donc s'ils sont petits et/ou souples.  Ceux des Bumgenius sont bien, les Grovia aussi.  Les pressions ont par contre l'avantage d'être plus fiables, notamment quand Bébé aime les strip-teases...  
Sinon, dernier changement dans notre technique de change : à présent, nous utilisons des culottes en laine plutôt que des culottes en plastique.  Pourquoi? Plus confortable et plus respirant! La laine a une très bonne capacité d'absorption, donc elle emmagasine l'humidité transmise par le lange, sans la transmettre à l'extérieur. 
J'en avais acheté une à la naissance du second moussaillon, mais n'avais pas osé l'utiliser plus qu'une fois ou deux : je n'arrivais pas à faire confiance à un tissu tricoté pour garantir l'imperméabilité.  Et puis, finalement, lorsque Bébé Fleur est arrivée, je l'ai ressortie, correctement lanolisée (traitement pour imperméabiliser), et depuis, plus de fuite! Et, ce qui est magique : Alors qu'une culotte en plastique sert une ou deux nuits puis doit être lavée pour cause d'odeur insupportable, une culotte en laine a juste besoin de respirer 12 à 24h avant d'être comme neuve! Je perds le compte du nombre d'utilisations entre deux lavages...

Alors, certes, lors des longues nuits, la culotte a parfois (c'est rare chez nous) tendance à être un peu humide, voire à transférer une légère humidité au pyjama, mais finalement, je trouve que c'est signe que ça respire et que les fesses du bébé ne sont pas confinées dans une atmosphère trop malsaine. Autre avantage : Pas besoin de laver très souvent grâce aux propriétés de la laine et à l'efficacité de l'aération. 

Au niveau culottes en laine, nous avons testé deux modèles : 
  • Le shorty de Popolini (trouvé chez Zeneco) : Le nôtre a mis un peu de temps à être au top niveau protection, il a fallu bien lanolisé et attendre qu'il feutre un peu, et puis, nickel! Malheureusement c'était une petite taille, donc ça fait bien longtemps qu'il est remisé dans les caisses.  Sympa et chouettes coloris, mais il a été détrôné par l'autre marque testée : 
  • Les shorties et longuies Manymonths (trouvés chez Ecoterre ou Mamoulia) : Un fil en laine mérinos super fin qui donne une tricot très serré et fin, un tissu vraiment très souple en deux épaisseurs, et une coupe bien ajustée, le shorty pour quand il fait chaud et le longuie pour la saison froide ou comme pantalon en journée.  Après la lanolisation mode "tartinage" qui va bien (technique trouvée chez Mamoulia), aucun souci de fuite, et sans feutrage contrairement au Popolini! Bébé Fleur les porte chaque nuit, et on utilise également les longies comme leggings sous une robe, par exemple (à condition de fermer le body au dessus, sinon il tend à glisser. C'est bizarre, mais y a moyen de faire ça discrètement avec les bodies de la même marque qui ont un entrejambe amovible).

Bref, coup de coeur total pour cette matière naturelle, noble et auto-nettoyante. J'y reviendrai sûrement dans un autre article, car Bébé Fleur est quasiment exclusivement vêtue de laine et les grands moussaillons en portent une fine couche sous leurs vêtements.  


Les inconvénients


Bon, tout n'est pas rose avec les couches lavables, hein.  Faut pas se voiler la face, si c'est largement gérable même avec une famille nombreuse, ça reste plus complexe que les couches jetables (même s'il y a moins de poubelles puantes à évacuer). 

Citons, en vrac : 
  • La nécessité de mettre parfois "les doigts dans la m***".  Certes, les couches jetables débordent parfois aussi, mais avec les couches lavables, c'est beaucoup plus fréquent de devoir récurer un caca qui n'a pas réussi à se cantonner au brave papier de protection. Bah, on s'y fait hein... En tout cas, un bon rinçage avant la mise en machine suffit généralement pour faire disparaître la plupart des tâches.  
  • Le rythme des lessives qu'il faut arriver à garder.  Bien qu'avec trois moussaillons, je me demande si finalement, la surcharge de lavage due aux couches soit si importante que ça... 
  • La complexité des sorties : Il faut prévoir des langes de rechange (pas de surprise), mais SURTOUT, un petit sac pour trimballer les langes souillés.  Et là, on bloque un peu... Se trimballer avec un sac qui pue, bof.  Surtout qu'on est du genre distrait, alors le sac qui pue oublié dans un coin pendant, 2, 3, 4... jours, beurk. Donc, jetables pour les balades. 
  • La crèche : Dans notre cas, elle n'a pas été intéressée par l'expérience, donc nous sommes bien forcés de jongler entre langes lavables et langes jetables.  
  • Les grands-parents : En l'occurrence, chez nous, ils n'ont pas vraiment été séduits par notre choix, donc... langes jetables pour quand ils s'occupent de la marmaille. 
  • Le temps de séchage et l'encombrement du séchoir : Nous sommes restés pendant 6 ans sans sèche-linge, donc les couches qui sèchent au milieu du séjour, on connaît bien.  Bah, on peut dire que ça aidait à humidifier l'ambiance en hiver... 
  • Et enfin... le fameux Champignon Mangeur de Couches!  Petite mésaventure qui nous est arrivée deux ou trois fois depuis que nous avons un sèche-linge électrique, donc depuis un an à peu près : Le sèche-linge est un peu chiche au niveau temps de séchage, donc si on ne lance pas un second cycle ou qu'on ne termine pas le séchage sur un fil, la couche se retrouve stockée sans être complètement sèche.  Terrain propice à un brave petit champignon qui mange le coton, le bambou et le chanvre... Solution : La soupe de couches! Un passage à la casserole, on fait bouillir quelques minutes, et zou, on récupère une couche à nouveau fréquentable, bien qu'ayant perdu un peu (parfois beaucoup) de fibre absorbante dans l'aventure.  Et en prévention : Lessives à 60° pour les couches qui ont attendu plus d'un jour ou deux et sproutch d'huiles essentielles désinfectantes.  

Et pour conclure... 

Pour conclure, les couches lavables, c'est bien.  Mais plus de couche du tout, c'est mieux!  Et oui, nous commençons à voir le bout, et en écrivant cet article (ce qui a pris quelques semaines), je me suis rendu compte que je ne testerai probablement plus jamais d'autre modèle de couche puisque Bébé Fleur s'est joyeusement engagée sur la voie de la propreté... Et c'est tant mieux ;-).